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#WithHer : des survivantes brisent le silence

En 2020, Maïté Lønne est l’un des visages de la campagne #WithHer de l’initiative européen Spotlight contre les violences contre les femmes, aux côtés d’autres survivantes de diverses formes de violence masculine. isala l’accompagne en témoignant, lors de la conférence européenne de lancement, du rôle des associations et de l’importance de la parole crue et entendue. Voici le texte lu par Maïté lors de cet événement européen.

« Il y a 20 ans, la première victime du réseau international de prostitution d’Epstein, a osé dénoncer ce qu’elle vivait. Mais le tabou et l’omerta ce sont abattus sur ses mots comme une chape de béton armé. Il y 20 ans, en Belgique, des témoins ont raconté le calvaire qu’elles ont subi au cœur des réseaux pédocriminels ; elles ont été réduites au silence par une presse criminelle, une opinion publique tranchante mais avant tout, un État belge voyou et complice. Et c’est seulement aujourd’hui que les langues se délient et que de plus en plus d’affaires concernant des violences sexuelles à des fins prostitutionnelles commises sur femmes et enfants des deux sexes, apparaissent au grand jour.

Durant des décennies, les anciennes victimes d’agressions et d’exploitation sexuelle, se sont murées dans le silence. A cause de la honte ressentie mais pas uniquement ! C’est aussi la manière dont la parole unique et individuelle de chacune d’entre elles, a été considérée, qui en est la cause ! Ces êtres déjà écorchés vifs se retrouvent une seconde fois victimes de par les traitements que notre société leur inflige. Notre ignorance et notre méchanceté à l’égard de ce que nous ne voulons ni voir ni entendre, dépassent l’entendement !

Mais aujourd’hui la parole se libère lentement, les victimes sortent de l’ombre pour oser raconter l’innommable. Et pour ne plus être niées par les instances judiciaires, politiques, médicales mais aussi par les débats publics. Elles se rassemblent, passant de proies isolées à un groupe à la force singulière. Et ensemble, elles hurlent à l’unisson : « Assez ! Si vous nous aviez écoutez plus tôt, des milliers d’autres victimes auraient pu être épargnées ! »

Si bon nombre de Survivantes parviennent à prendre la parole au cœur de groupes dédiés à cet effet, elles ont également l’envie, le besoin mais aussi le devoir de parler pour faire évoluer notre système et nos modes de fonctionnement. Elles ont besoin d’un terrain propice pour s’exprimer, d’institutions prêtes pour intervenir et de professionnel.les formé.es. Non seulement afin d’obtenir une reconnaissance pour une meilleure restauration d’elles-mêmes, mais avant toutes choses, pour construire des outils de prévention pour la prochaine génération. Parce que la responsabilité du groupe des Survivantes, c’est aussi ça : faire admettre à nos dirigeants qu’ils ont échoué dans leur rôle de protection. Et faire admettre à nos politiques qu’il est grand temps que chacun prenne ses responsabilités au sein de notre société teintée de valeurs profondément pédocriminelles et prostitutionnelles.

Dans ce contexte, un grand merci à Spotlight d’avoir eu le courage de mettre la voix des survivantes au cœur de sa campagne, de montrer notre force et notre résilience, mais aussi nos actions et nos demandes pour construire un monde meilleur. »