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isala et le covid19 : soutenir les personnes en situation de prostitution ou à risque

La crise du coronavirus (covid19) a amené isala à ajuster son action de terrain et à développer un soutien renforcé aux personnes qui nous contactent ou que nous accompagnons.

Habituellement, l’asbl isala va chaque semaine à la rencontre des personnes en situation de prostitution dans les rues de Bruxelles, et leur offre un soutien et un accompagnement holistique dans leurs démarches et projets. Ce sont une vingtaine de bénévoles et une salariée qui assurent cette action de terrain. Pendant le confinement, nous avons renforcé notre permanence téléphonique qui est accessible 7 jours sur 7. Nous avons partagé le numéro, au travers de visuels en 12 langues, sur les réseaux sociaux et auprès des partenaires, y compris les sites de référencement des ressources sociales utiles pour l’aide aux plus démunis.

Notre action sur le terrain

Grâce à notre équipe de bénévoles multilingues, nous pouvons répondre aux questions et besoins des personnes en 7 langues : albanais, bulgare, anglais, espagnol, italien, portugais et français. Nous avons créé des visuels avec les numéros d’urgence (santé, violences, corona) dans ces 7 langues, et les avons envoyés à toutes les personnes avec lesquelles nous sommes en contact depuis nos 5 ans d’action sur le terrain. Parmi plus de 50 contacts, plusieurs femmes nous ont contacté.es, pour obtenir de l’aide ponctuelle pour se nourrir ou vêtir leurs enfants, ou pour parler et briser l’isolement. D’autres nous font comprendre qu’elles sont heureuses de savoir isala à leurs côtés, quand elles en auront besoin.

Nous sommes aussi contacté.es sur les réseaux sociaux par des femmes qui ont ou n’ont pas de vécu lié à la prostitution, et qui se retrouvent en détresse matérielle ou psychologique et demandent un soutien en voyant l’action d’isala auprès des femmes en difficulté. Nous tissons alors des partenariats avec des initiatives citoyennes, comme #PourEuxBrussels ou Les cocottes volantes, pour apporter de l’aide concrète. Nous ouvrons un espace de dialogue qui permet à ces femmes de partager leur quotidien, de se sentir entendues et soutenues. Elles savent qu’elles peuvent nous contacter quand elles le souhaitent.

Nous continuons d’accompagner des femmes qui sont venues à la permanence d’isala et ont pu s’engager dans un parcours de sortie. C’est ainsi une dizaine de femmes avec lesquelles nous sommes en contact quotidien, pour continuer leur accompagnement social. A côté des démarches administratives, des recherches d’emploi et de logements, ou des rendez-vous de santé et des questions de parentalité, nous avons des bénévoles qui les appellent régulièrement pour discuter ou donner des cours de français à distance. Nous organisons aussi des activités collectives en ligne : cours de yoga, méditation, discussions sur le confinement et le virus, etc.

Grâce aux dons de solidarité, nous pouvons donner des bourses alimentaires, de vie décente (permettant de payer des factures, ou d’acheter des produits pour les soins de la famille), ou encore de soutien moral (cartes de téléphones pour contacter la famille dans un autre pays, accompagnement psychologique). Nous collectons des vêtements, chaussures et matériel pour enfants, nous partageons des ressources contre le stress ou pour occuper les enfants. Nous remercions ici toutes les personnes qui soutiennent notre action. Nous aimerions cependant pouvoir offrir davantage, comme des logements individuels ou des loyers pour accompagner davantage de femmes dans des parcours de sortie, une demande qui nous est faite à chaque rencontre (« Je voudrais une vie normale, un travail normal ») et qui se heurte quasi systématiquement à la difficulté pour elles d’obtenir un titre de séjour en Belgique avec accès au marché du travail et une aide financière permettant de vivre au-delà du seuil de pauvreté.

#LastGirlFirst : soutenir les plus vulnérables

L’écrasante majorité des personnes que nous aidons au quotidien sont des femmes, en grande précarité économique et sociale, majoritairement migrantes, souvent avec des enfants ici ou dans leur pays, et en détresse matérielle et psychologique. A l’annonce du confinement, nous savons que plusieurs d’entre elles sont rentrées dans leur pays d’origine ; d’autres sont confinées avec un conjoint violent, ou dans des conditions matérielles difficiles, sans offre d’alternatives par l’Etat, à court comme à long-terme ; d’autres encore n’ont pas assez des aides sociales pour survivre et risquent de se résoudre à des relations tarifées avec des clients sans scrupules, qui ne respectent pas le confinement. Comme le rappelle CAP International, qui rassemble des associations de terrain comme isala, cette situation se retrouve dans le monde entier :

« Nos 33 associations intervenant en soutien à plus de 15 000 personnes prostituées et victimes de la traite des êtres humains, issues de 27 pays, constatent au quotidien que les femmes et les filles exploitées économiquement et sexuellement par le système prostitutionnel sont frappées de plein fouet par la crise actuelle.

Le virus COVID-19 semble toucher en premier lieu, et plus gravement, les hommes, et particulièrement les hommes les plus âgés. Mais la crise sanitaire, économique et sociale qui l’accompagne affecte, elle, de façon largement disproportionnée, les catégories les plus vulnérables de nos sociétés, et en conséquence, les femmes et les filles appartenant aux communautés les plus discriminées. Les femmes et les filles migrantes, réfugiées, déplacées, autochtones, issues des minorités ethniques, religieuses, des plus basses castes, des communautés rurales, mais aussi les femmes et les filles les plus pauvres, les plus jeunes, sans abri, victimes de violences sexuelles préalables, sont à la fois les premières victimes de l’exploitation économique et sexuelle et les premières victimes de la crise actuelle.

Avant la crise COVID-19, ces femmes et enfants, bien souvent sans papiers, sans logement, sans revenus et très souvent sans accès aux droits sociaux minimaux, survivaient dans la prostitution. Elles n’en vivaient pas, elles y survivaient. Car comme le démontrent toutes les forces de police qui enquêtent sur ce phénomène partout dans le monde, les revenus des personnes exploitées dans la prostitution sont quasi ou intégralement confisqués par les proxénètes, trafiquants, passeurs, logeurs et nombreux autres prédateurs.

Aujourd’hui, nombre de ces femmes et enfants n’ont même plus de quoi survivre. C’est pourquoi, dans l’urgence, nos associations de terrain sont véritablement sur le front pour offrir le minimum vital à un maximum de personnes : un accès à l’information sur le virus, à la nourriture et à un hébergement. »

Nous utilisons le mot-dièse #LastGirlFirst pour signifier que notre action se base sur les besoins et les droits humains des personnes plus vulnérables face à la prostitution et l’exploitation sexuelle dans le monde, à savoir les adolescentes et les filles des groupes les plus discriminés, et que nous priorisons leurs droits, leur dignité et leur vie pour mettre en œuvre nos actions et ainsi apporter le changement structurel qui ne laissera personne en danger.