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#Metoo & prostitution : les survivantes brisent le silence !

Le 23 novembre 2018, isala était à Paris pour un événement exceptionnel consacré à la parole des survivant.es du système prostitutionnel. Elle a accompagné deux survivantes : Pascale Rouges et Maïté Lonne, qui prenait la parole pour la première fois sur son vécu prostitutionnel.

Ce sont quatre associations CAP international, SPACE international, le Mouvement du Nid et Osez le féminisme ! qui ont organisé cet événement international exceptionnel consacré à la parole des victimes du système prostitutionnel et de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Alors que plus de 20 millions de femmes, enfants, et hommes sont exploité.es chaque année dans la prostitution, dix survivantes de la prostitution de différents pays (Afrique du Sud, Irlande, Nigeria, Belgique, France) ont présenté, pour la première fois en France, leur propre analyse et recommandations pour un monde libéré de l’exploitation sexuelle. L’asbl isala a accompagné deux survivantes belges.

Loin des représentations erronées et des fantasmes véhiculés sur la prostitution, encore souvent présentée comme « le plus vieux métier du monde », un « mal nécessaire », ou encore un « travail du sexe », ce panel de femmes exceptionnelles s’appuie sur sa propre expérience et son propre vécu pour expliquer la gravité de l’atteinte à la santé, à la dignité, et à l’égalité que le système prostitutionnel représente, aux côtés d’Ashley Judd, marraine et invitée d’honneur de la soirée.

Leur parole est relayé dans cet article du Parisien, dont voici un extrait : « Si ne nous pouvons pas supporter que cela arrive à nos filles, c’est que la prostitution n’est que violence », souligne la Belge Pascale, jadis exploitée par son ex-mari. « J’ai passé 22 ans dans la prostitution. Je croyais que c’était par choix. Ce choix n’en était pas un », décrit Rosen Hicher. Elle relate ce jour où, alors qu’elle marchait dans la rue avec sa fille, un ancien client l’a abordée pour lui proposer « une grosse somme d’argent pour lui laisser ma fille. » Elle souligne : « J’ai alors compris qu’en disant que c’était ma liberté, j’autorisais toutes les femmes à être prostituées et prostituables. »

Anne Darbes, femme trans, a connu la prostitution « en tant qu’homme et en tant que femme ». Quand elle était un jeune garçon dans des foyers, puis, des années après, après un divorce et sa « transition », à Nice « pour survivre ». « La prostitution est le meilleur moyen de mourir très vite, dit-elle. C’est une mort sociale, physique. C’est faire de son corps une marchandise pour des hommes en demande constante. » Elle insiste : « Il n’y aurait pas de prostitution sans cette demande pressante, oppressante. Ces clients, qu’achetaient-ils ? Mon vagin ? Mes cheveux ? Non. Ils achetaient ma détresse sociale. »

Les dix intervenantes ont expliqué notamment en quoi la prostitution est non seulement inséparable, mais aussi un moteur, des autres formes de violences sexuelles que sont le viol, l’inceste, la pornographie ou le harcèlement sexuel. Elles ont rappelé aussi que la prostitution, répétition d’actes sexuels imposés par une contrainte criminelle ou économique, et même potentiellement « consentis » par absence d’alternatives, mais jamais désirés, est en soi une violence sexuelle grave.

Venues de plusieurs pays, d’origines diverses, elle illustrent le caractère profondément intersectionnel de l’exploitation prostitutionnelle. Partout dans le monde, les groupes les plus discriminés et vulnérabilisés sont en effet sur-représentés dans la prostitution : les minorités, les personnes étrangères, mais aussi les adolescent.es les plus vulnérables (victimes d’inceste, de maltraitance, en errance ou placés dans des foyers) sont les premières cibles des proxénètes et trafiquants. Plusieurs des intervenantes sont entrées dans la prostitution avant 18 ans. Elles ont expliqué le lien inextricable entre violences subies dans l’enfance et exploitation sexuelle.

Si toutes ces survivantes ont choisi de venir à Paris, c’est aussi pour exprimer leur soutien à la grande refonte des politiques publiques en matière de prostitution et de traite des êtres humains en cours en France. En renversant, pour la première fois en 2016, la charge pénale des personnes prostituées vers les acheteurs de sexe, en renforçant la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains et en créant une politique exemplaire de « sortie de la prostitution », la France a esquissé un modèle universel de lutte contre le système prostitutionnel et de soutien à ses victimes. Une centaine d’associations et les dix survivantes internationales ont lancé le 23 novembre un Appel de Paris pour l’abolition universelle de l’exploitation prostitutionnelle et de la marchandisation du corps humain.

Trouvez le programme ici.